Théâtrotexte

Du sacré au théâtre

Avant la cérémonie de Naïm Kattan, mis en scène par Florence Camoin,   expose une réconciliation familiale au sein d'une famille juive dispersée, disloquée entre l'Occident et l'Orient. Entre Montréal et Tel-Aviv. Entre sionisme et assimilation. Entre foi et doute. Entre sacré et profane.  Au delà de l'argument, la pièce se teinte et se fond dans une ambiance  délicatement religieuse. La dimension sacrée de la pièce a conquis l'acteur  Rufus, qui y interprète  un des rôles principaux.

Ce qui a séduit Rufus, à la lecture de la pièce, c'est l'imposante présence du Sacré, qui donnait une couleur onirique à la pièce, presque en dehors du réel.   Je suis de nature curieux, le rapport au religieux, au spirituel m'intéresse au delà de tout. C'est ce qui est développé dans cette pièce.  Mon travail d'interprète a été de  mettre en lumière cette dimension de la façon la plus juste possible.  En effet, la pièce de Naïm Kattan, si elle évoque une réconciliation familiale entre une famille séparée,  expose surtout en toile de fond les attributs de la Terre Promise, une réflexion ouverte sur le pays d'Israël, le sionisme, et le rapport des juifs à cette Terre Sacrée. La pièce, scandée par les chants religieux inspirés de Mitchélée,  personnage onirique et pourtant essentiel,  a quelque chose d'atemporel, d'universel, qui vient servir le judaïsme, éclairer la cause d'Israël, en filigrane en, toile de fond, sans jamais imposer, en suggérant par petites touches. Au delà des dialogues d'une famille juive qui tente de se recomposer, de se retrouver dans un magma de malentendus, s'impose une autre dimension : celle du sacré.  Les  évocations de la Bible, la présence discrète d'objets rituels sur scène, la prégnance des mots « judaïsme » «  Israël » «  Dieu », dans la bouche de chacun des  personnages, donne à cette pièce une valeur religieuse délicate et émouvante. Christine Kostchi, musicienne installée à droite de la scène, nous fait partager tout au long de la pièce,  les sonorités rares d'instruments anciens,  au gré de mélodies hébraïques classiques et de créations musicales originales, élevant la pièce au-delà de son simple argument. Le jeu des acteurs, juste et parfois brillant, rend ce moment unique, agréable, en dehors du temps. Une pièce à voir, à entendre, à écouter, à sentir pour mieux comprendre et pour partager l'attachement des juifs à la terre d'Israël.

Sophie Razon